« Quand le bruit de la pluie éveilla sa conscience, elle n’osa pas déranger son inconscience, tout affairée à échafauder des plans pour pimenter sa vie. Nager à contre-courant et aller braver la créature au fond des eaux ? Oser le saut dans le vide et se briser les ailes contre la roche bleue ? Entrer dans la grotte aux souvenirs et se perdre à tout jamais ? L’inconscience débordait d’idées plus géniales les unes que les autres !
Enfant, elle aurait sauté à pieds joints dans les flaques brûlantes du volcan en demi-sommeil, couru à perdre haleine à flanc de montagne et déployé ses ailes sous les arcs éblouissants de l’orage. Mais les jours passaient et la vie se complaisait ainsi emprisonnée par la raison.
Enfin, l’inconscience, noyée de pluie, parti tourmenter d’autres âmes.
L’effort pour sortir du sommeil fut considérable, mais le bruit au dessus de sa tête s’intensifia et elle ouvrit les yeux !
Elle ne vit pas immédiatement la petite goutte violette au milieu du déluge. Elle se contenta d’admirer le spectacle, comme si son rêve n’était pas terminé. Et c’est à ce moment qu’elle entendit la voix… »
Si ça vous plaît, je continue… et si ça ne vous plait pas, je continuerais sans doute quand même 🙂
EDIT du 17 août : la suite !!!
Ce qu’elle avait sous les yeux dépassait tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Une multitude de gouttes d’eau suspendues comme attachées à un fil invisible, au-dessus d’elle, comme un ciel de lit, immobile et mouvant à la fois.
Le temps s’était arrêté et elle n’osait bouger de crainte de briser ce toit fragile et extraordinaire.
Une image s’échappa de la grotte aux souvenirs, son regard perdu derrière la fenêtre d’un grenier, du gris, du noir, un rideau de pluie, des gouttes qui s’écrasent violemment sur le carreau sans même le temps de s’attarder, de briller avant de s’évanouir et de mourir dans les rues.
(Photo by Rhendi Rukmana on Unsplash)
Se concentrer, chasser ce souvenir, retrouver le présent… toujours.
Et soudain, ce fut l’effondrement ! Une cascade glacée, des gouttes puissantes, un déferlement, un déchaînement sans fin qui la fit se recroqueviller en tremblant.
Et la voix encore qui dit « je t’avais pourtant prévenue » !
Mais qu’avait-elle dit avant ? Eblouie par la féerie de l’eau, elle n’y avait pas prêté attention.
Le silence, revenu, le calme repris sa place, elle osa un coup d’œil sur son univers qu’elle sentait dévasté.
Mais rien n’avait changé, sauf une minuscule petite goutte violette, rescapée de l’évaporation inattendue, suspendue devant ses yeux… et à l’intérieur la plus petite et magique créature qu’elle ait jamais vue.
« Tu devras couper le fil », dit-elle !
« Pardon ? »
« Oui, couper le fil pour que je puisse me libérer » !
Si évident que cela puisse paraître, son esprit ne parvenait pas à rassembler les pièces nécessaires à la compréhension de ce qui se passait devant ses yeux.
Mais la petite s’impatientait : « Je ne peux pas tout te dire tout de même ! ».
Elle fronça les yeux au-dessus de la minuscule goutte pour tenter de distinguer ce fil imperceptible. Enfin, elle le vit, comme un fin cheveu d’or ou la soie d’une toile d’araignée.
Elle passa un doigt au-dessus de la goutte et de nouveau le vacarme qui lui fit fermer les yeux encore…
Très beau ! Ca me fait penser à cette citation de Karen Blixen que j’aime beaucoup : « Le remède pour tous les maux est l’eau salée, la sueur, les larmes ou la mer »